Les Indices Narratifs, une technique d'écriture propre à la VR et AR.
Aujourd’hui, l’utilisateur est devenu un réalisateur à temps partiel, mais il reste un réalisateur amateur.
Pour l’accompagner dans son travail, sa lecture, il faut semer dans son environnement direct des indices lui permettant de suivre le cours de la narration de façon visuelle. Plus précisément, dans toute bonne narration, on narre via l’image plutôt que d’expliquer par le dialogue.
Notre utilisateur va donc explorer son univers et s’attarder là où sa personnalité le mènera. À nous auteurs de le remettre sur la voie de la narration sans le forcer.
Quelques idées concernant le « point d’attention » que j’ai pu voir fleurir dans des films VR, me semblent bonnes, mais certaines sont peu subtiles, voire paradoxales compte tenu de l’immersion à 360°.
Les mauvaises idées :
– Placer toute l’action dans 120°/180°, rien au-delà juste un décor épuré au maximum
– Flouter (ou faire apparaître un flou sur) 220° à 270° de l’image
– Fondre au noir une partie de l’image et/ou animer le fondu dans un mode « volet ».
Alors, que proposer au spectateur ? En théorie c’est assez simple, le pousser à regarder dans la bonne direction sans qu’il s’en aperçoive ou qu’il ne le ressente lourdement. Il nous faudra donc le manipuler avec amour et compassion ! 🙂
Dans le précédent article, nous avons vu que le son en trois dimensions était un atout de taille pour « manipuler » notre utilisateur. Le son peut également être utilisé conjointement aux “indices narratifs visuels”.
J’ai créé ce concept de mise en valeur et de mise en scène d’éléments souvent décoratifs ou relégués à un rôle très, très secondaire afin de guider le regard de l’utilisateur. Ces derniers ne peuvent être énumérés selon une recette absolue, ils dépendent du contexte du plan ou de la scène de votre contenu VR ou AR.
Toute la structure de votre “scénario” entrera en jeu. Elle vous aidera à choisir ces indices, et plus elle sera précise, plus vous trouverez où les placer dans chaque plan VR/AR . Pour écrire une structure solide et claire, je ne saurai trop vous recommander de lire « l’Anatomie du Scénario » de John Truby.
Dans ce concept totalement personnel, j’ai pu classer deux familles :
– L’indice narratif visuel fixe, inanimé
L’indice narratif fixe doit pouvoir pallier sa faiblesse qui est d’être… fixe ! Il devra être bruyant, de taille imposante, lumineux (au sens propre), être nommé dans le dialogue, voire désigné physiquement (montré du doigt) bref, il doit attirer l’attention. Tous ces paramètres peuvent être utilisés séparément ou conjointement, attention toutefois à la lourdeur de trop de cumul.
On peut les voir comme les case d’une bande dessinée, se succédant pour nous amener d’un point A à un point B. Étant présent en permanence dans la « sphère » virtuelle, ils doivent être placés dans un ordre précis « d’importance » aux yeux de l’utilisateur moyen.
Les moins « attirants » se placeront à l’opposé du point d’attention, les plus attirants proches de ce dernier. L’analogie avec les cases de BD trouve son sens dans le cheminement d’une « histoire dans l’histoire ». Chaque indice fixe nous guide dans un parcours vers un élément clé de l’intrigue (le PA) qui nous apporte une révélation de l’histoire principale.
– L’indice vivant ou en mouvement, animé
Plus pratique, il peut être attribué à un personnage clé ou secondaire de l’histoire, un animal, un véhicule, un élément naturel en furie (éclair, tornade, tsunami, incendie, éboulement, etc), un effet spécial. Tous ces exemples en mouvement doivent se déplacer en direction du point d’intérêt où va se dérouler une scène importante de l’intrigue.
À la différence de l’indice fixe, il n’est pas présent en permanence, il peut apparaître, surgir du néant ou être fixe et sans intérêt avant de bouger. L’indice narratif en mouvement, anticipe les réactions de l’utilisateur afin de le focaliser sur une information incontournable.
On implantera donc cet indice en le mettant en mouvement quelques secondes avant l’action principale et il ne devra être ni trop long, ni trop court. Il faut, à l’instar de l’indice narratif fixe, qu’il ne soit pas « gratuit », qu’il serve avec finesse la narration.
Vous trouverez des explications détaillées sur les indices narratifs dans mon eBook “L’Ecriture de Contenus Immersifs” sur https://www.virtualscript.org/comments.Q.htm